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17 octobre 2005 1 17 /10 /octobre /2005 22:00

Il est des morceaux soul que doit priser Roman Polanski. Il en est que le cinéaste aurait pu inclure, pour quelques secondes, dans la bande-son de ses films les plus inquiétants, "Le Locataire" en tête. "Fantasy world" de James Knight and The Butlers, "Break in the road" de Betty Harris en sont. Le plus obscur "Baa baa black sheep" les suit de près dans la catégorie des titres soul où des ombres absconses se profilent derrière le satin, où au beau milieu de la danse l'on sent une poignée de neige entre les épaules. Bref, le cercle restreint de la soul hantée.

A première écoute tout semble familier ; riff floridien, groove pectoral, intensité solennelle à la David Ruffin. Cependant c'est cette intensité hors du commun qui retient justement le toucher. Alors on commence à dénombrer les anomalies : les changements incessants de rythme, prédilection maladive pour le contretemps, le décrochage du groove en milieu du refrain, et surtout la béance provoquée par le break central, où l'orgue le plus inquiétant du monde se glisse dans la rue vide à la manière d'un chat trop symbolique.

Pas d'orgue du fantôme ici (voir l'article "L'orgue du Fantôme") : ni hululement nocturne, ni silhouette enturbannée stevensonienne, mais l'impression de devoir se mettre à l'abri à cause de l'oiseau-roc qui se profile dans le ciel blanc.

A ce moment, si le chanteur s'est absenté, ce n'est pas comme chez Lee Dorsey pour faire la sieste, mais afin de se protéger... De quoi? Peut-être des brimades qu'évoque le titre de la chanson, ou bien s'agit-il d'un motif racial, ou alors Chuck Brooks veut-il se préserver du champ de bataille magnétique qu'il a mis au jour... Quoi qu'il en soit, "Baa baa black sheep" contredira jusqu'à la fin de la musique les lectures unilatérales du genre infiniment complexe qu'est la soul music.

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commentaires

J
Mon bon poire, il s'agit bien du grand Sweign talking, sous cette faconde très Mac Becquerel que vous ne sembliez pas lui connaître. Sweign, comme tous les immenses poètes, parle toutes les langues.
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T
Sweign n'a pas grandi dans la rue. Il n'a pas vendu de crack à la sortie des écoles. Il ne possède pas d'arme à feu. Aussi permettez-moi de douter de l'authenticité de ce Sweign-là, qui jamais n'aurait employé le terme "mec". Cet admirateur du grand Sweign doit impérativement prendre conscience de la faiblesse crasse de son style.
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J
Je vais faire encore mieux, vieux.
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S
Mets la dans le top notch mec
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