Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 19:31

(Nouvelles notes de Randall Webb, prises en 1971)

« Nous n’avons pas changé de maison depuis vingt ans. Notre univers clos, havre familier, nous ne l’appréhendons cependant pas de la même manière. De l’aube des années 50 à leur résurrection artificielle et nauséeuse au début des seventies, quelque chose s’est évidemment délité. En témoignent ces deux figures du Settlement américain : Slim Whitman et Bruce Johnston. Le premier, que ma mère chante encore quelque part entre la buanderie et un ailleurs évasif, restera pour toujours lié à l’âge d’or de la Homelike song. Le second, muséographe de l’insouciance californienne, figure symbolique du déclin de The Beach Boys (et partant, de la mort), est une borne enlierrée de l’histoire du rêve pavillonnaire américain.

Il convient, sans plus tarder, de distinguer le genre de la Homelike song, d’un autre, californien jusqu’à l’amalgame, celui de Sunrise pop. Les ambitions respectives des exécutants sont des plus disproportionnées : la Sunrise pop cherche les hauteurs, ne s’adresse qu’aux cimes, tandis que la Homelike song, affaire de minutes, aspire à la tranquillité, l’ataraxie, la quiétude domestique. Cette dualité est celle qui différencie la joie, éphémère et intense, du bonheur durable, sans oscillations ni crises. Accepter le bonheur, c’est se préserver de la dépression, mais également renoncer à la joie. Accepter le bonheur n’est pas donné à tous ; il est des vies trouées qui balancent interminablement entre l’extase et le désespoir. C’est celle de Marvin Gaye, oublié de tous dans son van enlisé dans le sable d’Hawaï, souriant aux parois beiges tandis que son ombre se décuple au dehors. C’est celle de Dennis Wilson, seul Beach Boy physiquement incapable de rester à la maison, rejouant toute l’histoire des sentiments humains en quelques minutes de film de cave, dans un jardin moucheté d’étoiles.

Slim Whitman ne fréquente pas ces hauteurs. Il chante pour les ménagères amoureuses du livreur de lait. « Quand je dis bonne journée, je le pense vraiment »

En 1971, Slim Whitman, même pas quinquagénaire, est un souvenir, malgré la bizarrerie de son art qui aurait dû attiser l’intérêt des amateurs de weirdness, ceux-là même qui érigèrent une statue à l’effigie de Joe Meek. Car même si Whitman chante pour la famille, Sa musique contient des consonances féeriques : son yodle sidéral, les longs glissandos de guitare hawaïenne, les bruitages cheap (ronrons de fontaines, vent en boîte), toutes ces inclinaisons quasi-futuristes ne sont pas en contradiction avec le public visé. On est avec ce chanteur incroyable dans le domaine de la magie domestique, que l’on ne comprend que si on se souvient de l’émerveillement éprouvé par les familles d’Amérique devant les premiers congélateurs.

Au début des années 50, la maison n’est pas seulement la fin d’une aventure mais une nouvelle qui commence, en témoigne cet étonnant film « Mr. Blandings Builds His Dream house », dans lequel Cary Grant se contentait, patiemment et en accord avec sa femme, bien sûr généreuse avec les enfants du quartier, de construire une maison, en périphérie de New-York. Film inconcevable à une autre époque.

Au début des années 70, la maison n’est plus un terrain de jeu mais un abri. Elle s’est multipliée par centaines, identiques et confortables, et c’est maintenant l’endroit où on se retire après trop de désert ou de nuits blêmes. C’est le rêve qui se dissout dans la baignoire sale de Cable Hogue. Dans la voix de Bruce Johnston, pour le superbe « Disney Girls », c’est la résignation qui est de mise, mais une résignation assumée, désirée, mûre, finalement heureuse. Bruce Johnston est assis sur du plastique dans son jardin, il a cessé de penser que ses histoires d’amour sont plus belles que celles de ses voisins. Et il savoure d’être enfin, faute de mieux et à défaut du pire, normalement prospère. »

(Vous pouvez écouter un morceau de Slim Whitman dans le module "Top-notch music" en haut de la page)

Partager cet article
Repost0
2 janvier 2006 1 02 /01 /janvier /2006 00:15

Jeanpop2

Sred Sweign et M. Poire

vous souhaitent une excellente année 1966

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2005 2 27 /12 /décembre /2005 22:29

New Jersey Spirit

 

The Maundy quintet, l'esprit du NJ jusqu'en Floride 

"L'esprit du New Jersey, c'est le complexe de New-York, mon vieux, c'est la province qui lorgne du côté de la grande ville, c'est les rêves de Brilll Building en rase campagne" ainsi fut brillament énoncée la synthèse Sweignienne par notre ami, invité à honorer les sièges usés des studios de ses honorables fesses.

Dr John "The point"

Little willie and The Adolescents "Looking for love"

The Scoundrels "Up there"

King david and The Slaves "I've been told"

The Guilloteens "I don't believe"

Benny Spellman "If you love her"

Fox and The Huntah's "Funny kinda day"

Pete Morticelli "Lost"

Bernard Smith "Never gonna let you go"

The Maudy Quintet "2 is better than 3"

The Wisdoms "Lost in dreams"

The Eldorado's "All i want to do"

The West Five "Till I kissed ya"

John Rosasco Quartet "Come running to me"

The Canterbury Music Festival "Why does everybody run to home"

Pete Klint Quintet "Very last day"

The Vagrants "I can't make a friend"

The Dynamics "Used to be"

Jynx "Come on up"

The Lewallen brothers "It must be love"

The Heartbeats "Cryin' inside"

Hot Chocolate "What should I do"

Martha Starr "Love is the only solution"

Vous pouvez écouter l'émission en direct tous les mercredis de 20h à 21h30 sur le site de radio campus Orléans (voir les liens). Vous avez grand intérêt à le faire. Le site est actuellement en maintenance mais vous pourrez bientôt l'écouter en différé.

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2005 7 25 /12 /décembre /2005 21:07

            L’amour de la complication, dans les limites d’un art ancien, d’un art de la représentation, une complication étouffante, à l’échelle d’une miniature, déprise de toute technologie et de l’audace musicologique, voilà ce qui me lie à cette étrange mélopée de Richie Furay : « The Hour Of Not Quite Rain ». Je ne laisse pas de penser à l’aristocrate malade de raffinements de La Chute De La Maison Usher et à celui qui l’incarna pour le cinéma, Vincent Price le très sobre. Quand percent les premières lueurs de la chanson de Richie Furay, je vois nettement Lord Usher grimacer de douleur à cause d’une ouïe trop fine, et je sais que pour cette raison, « The Hour Of Not Quite Rain » figure un château au milieu de brumes. La nervosité de Lord Usher ou bien le chant aigu de Richie Furay démontrent assez qu’il ne s’agit nullement d’un manifeste en faveur d’un art tamisé et secret. En outre, je postule que la manière de Douglas Sirk dans  Written On The Wind  répond à la même logique d’un confinement hystérique, toutes pointes dehors : non pas un réduit pour pleurnicheurs, mais une Prison mythologique. A l’intérieur de la Prison, une intense accumulation d’objets d’art, de signes puissants qui éloignent l’ombre de la vie. L’Orgue du Fantôme comporte cela, la constitution d’un espace saturé de signes de l’art, comme peut l’être le songe d’un enfant d’il y a deux siècles. La pompe ténébreuse de « The Hour Of Not Quite Rain », de la part d’un homme réputé pour sa gentillesse et son Pat un tantinet simplet, m’étonne cependant. Pourquoi Richie Furay, lui qui emblématise le son énergétique et virtuose du country-rock californien balbutiant, pourquoi notre homme a-t-il bâti une Prison de l’art, où toutes les reliques du romantisme anglais, et de son précédent surtout : le roman noir, se trouvent réunies ? Il faudrait le lui demander. S’il est un refus ambigu de la vie, je veux dire : ses drames, ses actions, ses acteurs, ses sentiments, tout ce par quoi nous admettons que telle musique naît d’une circonstance et la prolonge pour d’autres, un refus qui autoriserait une création luxuriante et néanmoins sélective, dans une relative immatérialité, ce refus de la vie est l’écho orgueilleux et inaltérable de « The Hour Of Not Quite Rain ».

             Buffalo Springfield - The hour of not quite rain

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2005 3 21 /12 /décembre /2005 14:30

Végétation

« Jean Pop 2, ce que vous dites des fleurs, des arbres, eh bien … ça me touche profondément » / « Mon père parlait comme vous, tout le monde le craignait et l’aimait à la fois » / « Vraiment Jean Pop 2, on ne peut pas se voir pendant l’émission ? … oui, je comprends… Alors je vais prendre des somnifères. » / « Jean Pop 2, les enfants de Tchétchénie ont fabriqué une cloche en fonte qui portera votre nom ! » / « Les gens ici se demandent avec angoisse si vous comprendrez les raisons qui les ont poussés à agir… Non, ils ne possèdent pas d’armes à feu. Devons-nous leur en procurer ? » Merci à tous, et Bonnes Fêtes.

The Magic Plants "I'm a nothing"

Bobby Rio and The Revelles "Everything in the garden"

The Nightcrawlers "A basket of flowers"

The Wild Flowers "On a day like today"

The Camel Drivers "Grass is greener" 

The Go-Nuts "Flower"

The Plant Life "Flower girl"

The Explosions "Garden of four trees"

The Savages "Roses are red my love"

Peter Wright "House of bamboo"

The Matadors "Get down from the tree"

John Williams "Flowers in your hair"

The Roots "It's been a long journey"

D'Angelo "The root"

Jason Crest "Here we go round the lemon tree"

The Brain Train "Black roses"

The Tree "No good woman"

Freddie Scott "Just like a flower"

The Carstairs "He who picks a rose"

Phil Ochs "Flower Lady"

Tony Joe White "Georgia Pines"

The Shadows Four "Heart of wood"

The Trees "Don't miss the turn"

The High Llamas "Leaf and lime"

Vous pouvez écouter l'émission en direct tous les mercredis de 20h à 21h30 sur le site de radio campus Orléans (voir les liens). Vous avez grand intérêt à le faire. Le site est actuellement en maintenance mais vous pourrez bientôt l'écouter en différé.

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2005 6 17 /12 /décembre /2005 01:24

-Une main d’enfant momifiée, dites-vous.

            Il s’en fallut de peu que je tombasse évanoui aux pieds du boutiquier français. Je revis tout dans mon esprit : la bonhomie de John Ernest, la maigreur nerveuse de Randall Webb, le spectacle du Helluva, le mouchoir de tissu dont Sean Bonniwell frottait sa tempe droite, et bien sûr, le projet de conspiration et le récit terrifiant qui accompagna notre déjeuner. Je compris instantanément que la mort de Randall Webb avait été décidée ce jour-là. Celle de Sean Bonniwell suivrait. Le meurtrier était au fait de la vengeance ourdie par les deux amis un jour d’avril 1971, et je souffrais de m’avouer l’admiration que je pouvais porter à un être aussi patient, aussi tenace et aussi invisible. Je tâchai de n’en rien laisser paraître devant François Becquerel dont je devais redouter qu’il me confondît.

-Poursuivez, Becquerel.

-La petite main m’a été remise à Milan. Son histoire, à ce que j’en sais, a part liée avec la révélation Psycho-batave. Ses chantres, du moins, le prétendent, et leur conviction me suffit. Le prix qu’on en exigeait étant raisonnable, je l’acquis sur-le-champ.

-Où est la main ?

-On me l’a dérobée. Quand je quittai Milan, la main n’était déjà plus en ma possession. Et la nature de mes activités implique un tel secret que je ne peux absolument pas engager de détective, ni déposer de plainte. Jean Pop 2 ignore tout de l’affaire, c’est préférable.

-Pourquoi m’avoir mis dans la confidence ?

-Les gens de loi veulent la vérité et celle-ci leur est due.

-Soupçonnez-vous quelqu’un en particulier ?

-Mes soupçons me portent vers celui-là même qui m’a cédé la main. Voyez-vous, il ne coûte rien à un voleur de voler à nouveau ce qu’il a déjà volé. Pour la raison précise qu’au moins, son acheteur croira à son innocence.

-Qui est-il ?

-Lou ride.

-… Becquerel, je veux que vous soyez très attentif au récit que je vais entreprendre devant vous. Ne m’interrompez pas, et surtout, ne déviez jamais vers un objet arbitraire, comme vous le faites, semble-t-il, habituellement. Etes-vous physiologiquement disposé à l’attention ? Becquerel, nous allons le vérifier tout de suite.

Dans la boutique de François Becquerel, vous trouverez de très jolies lampes

            Au début de l’année 1976, moi et Tantine avions assisté à une projection de Leave The Wine On The Table, fabuleux long-métrage de Marvin Marty, le maître du film de cave. L’œuvre avait dérouté les aficionados du grand Marvin, avec ses longs monologues entrelacés, son spiritisme affiché, son final solennel où retentit l’objurgation tant attendue, et que j’ai apprise par cœur : « Je ne sache pas de civilisation qui n’ait ruiné son accomplissement. Le moment Psycho-batave est passé, mais qu’avez-vous fait pour le retenir ? Non ! Laissez le vin sur la table. » Tantine avait tout compris, et elle me dit qu’il s’agissait là d’un sommet de la filmographie de son auteur. Hélas, nous étions à New York, et la remarque de Tantine plut à certain charognard, monstre d’envie et de boursouflure, artiste lessivé et malodorant. Celui-ci s’agitait déjà au milieu d’un cercle de spectateurs qui buvait les paroles du bonimenteur et parfois, opinait du chef. Tantine s’approcha et d’un signe, me pressa d’intervenir. Je frappai l’individu aux mollets. Lorsqu’il fut à terre, Tantine prit la parole, et rien n’entrava le torrent de ses phrases vengeresses : « Reste à terre, chien warholien ! Les habitants de cette bonne ville de New York ne veulent plus que tu les bernes avec tes préjugés obsolètes, et le peuple, qui aujourd’hui est ton tribunal, t’accuse d’avoir séparé sa ville de son destin Italo-américain. Qui es-tu, lou ride, sinon l’instigateur le plus fourbe et le moins soupçonné du rock progressif dans la cité de The Mystic Tide ? Comme les canadiens hirsutes et les anglais sortant des art schools, tu as tout rogné, rongé et corrompu. Mais contrairement à eux, dont la balourdise et l’ignorance se présentent telles quelles, tu as joué sur deux camps, afin de protéger tes arrières. Tu as séduit les Vieux loups, en beuglant ton attachement au rock’n roll à la manière de bruce springstine, en faisant croire au monde entier que ton groupe de jeunesse, das velvet underground, était un groupe méconnu et mésestimé, alors que toutes les revues de la planète savaient, elles savaient que tu étais le chaperon vérolé d’andy warhol. Ne viens donc pas insulter mon intelligence en invoquant l’obscurité : The Descendants, eux, n’ont jamais quitté leur quartier, ils n’ont pas voyagé, comme ton groupe, à Los Angeles, et, pourtant, ils étaient détenteurs du sauvage « Lela ». Tu n’as jamais rien su de l’underground, le reste de ta carrière de publiciste démontrera qu’en revanche, tu savais tout de la vitrinisation (ce concept vient de Tantine) de l’underground. Puis, tu as conquis les Pédés progressifs. Bien t’en a pris, puisqu’il leur revient la tâche pourtant noble de raconter la formation et l’évolution des genres. On a fait de toi, avec ton consentement, une sorte de chantre de la décadence urbaine contre la prétendue uniformisation hippie du mouvement Psycho-batave. Il a fallu que les très délicats et très aveugles Pédés progressifs grossissent pour cela tes ennemis, du moins ceux que tu désignais comme tes ennemis, et qui étaient en réalité tes partenaires ontologiques. On t’opposait, à l’intérieur de New York, aux pâtres Simon & Garfunkel : leur absence de duplicité les hisse à trente coudées au-dessus de toi, gnome syphilitique, déjà, musicalement, le brave Paul Simon est d’une supériorité écrasante sur toi, mais même côté littérature, il est, lui, exempt de clichés, ouvert à la multitude des histoires et des lieux. Ce qui m’offre un biais pour revenir à mon accusation primitive. Oui, lou ride, tu as beau être couvert par la communauté Vieux loup, qui fuit comme la peste, à laquelle tu ressembles beaucoup, tout effort d’intellectualisation, tu appartiens bel et bien aux Pédés progressifs. A leur image, tu envisages ton œuvre dans le cadre de l’Histoire de l’art, et tu tâches à ta manière sotte et puérile de répondre à la question : comment dignifier l’essence populaire de mon travail ? Si j’y parviens, raisonnes-tu, je serai un Moderne. Le plan est manifeste : une couche de perversion d’Europe Centrale, une couche de littérature stupide d’universitaire new-yorkais, une caution street-storyteller, mais hélas, pour toi, tu n’as pas un millimètre cube de la vision de Phil Ochs, une couche de saturation galloise, et l’argument imparable : malgré le déchaînement électrique, je peux caser des ballades pleurnicheuses. Certaines de tes chansons, notamment en 1968, sont assez réussies, je dois l’admettre. Cependant, tu les gâches profondément par le niveau de prétention et de pose qu’elles supposent, venant de toi. Oui, tu agis de concert avec les barbons du rock progressif, en souhaitant ériger le rock en monument d’art populaire et contemporain. Eux, dans leur naïveté, invoquent le jaz, Bach et Sibelius, toi, tu fais de même avec la littérature. Ce procès, je ne saurais l’intenter à Bob Dylan, parce que Dylan, c’est le vif-argent, jusqu’en 1967, c’est la vitesse Psycho-batave. Je te l’intente à toi, parce que tu es prévisible, parce que tu es une émanation sans nuance de la supercherie de l’art mercantile. J’entends dire que, par défi, tu t’apprêtes à publier un album entier de saturation. Tu marqueras durablement les esprits, n’en doute pas, fils de lépreux. Je t’abandonne, avec réticence néanmoins, cette chanson de The Namelosers : « That’s Alright ». Pour que tu comprennes à quel point des hommes, dont tu ne souhaites pas qu’ils respirent, dès 1965, avaient déjà tout accompli en matière de saturation. Tu croiras entendre l’effondrement précipité de centaines de poutres en fer, cela suffira à te fasciner, mais tu ne pourras nier que cela n’empêchait pas ces somptueux Suédois de composer une mélodie parfaite, de créer une dynamique audacieuse, de jouer sur un rythme sans défaut. Retourne dans ta cavité, crotale mortifère, et médite. Boulter, tu peux ranger ton gourdin, laissons lou ride ramper jusqu’au trottoir.

            Vous comprenez maintenant, Becquerel, de quoi il retourne ?

-Oui, oui, j’ai toujours trouvé que le jaz était une musique de snobs.

-…

-Alors, on prend un café ?

-Je dois partir. lou ride doit justifier ses actes.

-Très bien, je vous accompagne.

-Becquerel, je vous en prie…

-M. Lewis, vous me plaisez, et je peux vous être d’une grande utilité.

-Bon. Soit.

 

            The Namelosers - That's alright

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2005 1 12 /12 /décembre /2005 20:22

Bande de nuls !

Question 1 :

A propos de quel grand hurleur (qui enregistra avec Link Wray) Lux Interior dit-il qu'il ferait passer Little Richard pour Pat Boone ?

Question 2 :

Citez au moins deux chansons comportant un minimum de cinquante fois le mot "no".

Question 3 :

Quel batteur légendaire Californien mourut en tondant sa pelouse?

Question 4 :

Quel cinéaste (médiocre au demeurant) fut l'ami de ce vieux loup magnifique et respecta ses dernières volontés en brûlant son corps  dans le désert ?

Question 5 :

Quel est le lien entre les délicats Ecossais The Poets et les hyper-violents Néo-zélandais The Chants R&B ?

Question 6 :

Quelle chanson, reprise par The Koobas, représente le sommet indéniable de la soul Italo-américaine mid-sixties? 

Blind-test :

 

facile

 

 

Réponses de la semaine dernière :

1- Il s'agit bien de Robert Griffin dont Doug Brown and The Omens appuyaient de leur poids Psycho-batave la candidature au sénat.

2- John Wayne.

3- Doris Day qui joue dans le film d'Hitchcock est la mère du grand producteur et Golden Penetrator Californien Terry Melcher.

4- Golden Earrings, bande d'infidèles.

5- Lee Dorsey, tas de nuls.

6- Bobby Fuller, imbéciles.

Blind-test : "I'm for things you do" par The Enfields (qui ont également signé le superbe "She already has somebody" sur la compilation "What a way to die").

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2005 2 06 /12 /décembre /2005 19:03

Enthousiasme

Grâce à ces jeunes gens vigoureux, l'ouest fut conquis

"Yeah ! Yeah ! Yeah ! Yeah !" c'est sous les scansions exaltées de jeunes soubrettes échaudées que Jeanpop2 et M. Poire, le Pat en bandoulière, firent une entrée chatoyante dans les studios de la radio ce jour-là, pour accomplir leur devoir hebdomadaire : De la musique saine et des enseignements limpides pour une jeunesse visionnaire.

Bo Diddley "Diddling"

Chairmen Of The Board "God's gift to man"

Gene and The Teen Beats "I'll let nothing separate me"

The Magicians "Just a little faith and understanding"

The Quotations "Cool it"

The Poor "How many tears"

The Bo Street Runners "Love"

Condor "Lei per la vita"

Denny and Kenny Duo "Meet my little sweety"

Doug Brown and The omens "Youth and experience"

Martha and The Vandellas "I'm ready for love"

Roger Hatcher "Sweetest girl in the world"

The Falcons "I'm a fool I must love you"

The Toreros "come"

The Dovers "I could be happy"

The Paradox "There's a flower shop"

Tommy James "Mirage"

The Four Tempos "That beatin rhythm"

The Torres "Don't you know"

Melvin Davis '"Love bug got a bear hug"

Jimmy Bee "Wanting you"

The Georgia Prophets "For the first time"

The Jessica Fletchers "Christopher Jensen"

The Sundae Train "Love affair of two happy people"

Poco "What a day"

Thoughts And Words "Morning sky"

Vous pouvez écouter l'émission en direct tous les mercredis de 20h à 21h30 sur le site de radio campus Orléans (voir les liens). Vous avez grand intérêt à le faire. Le site est actuellement en maintenance mais vous pourrez bientôt l'écouter en différé. 

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2005 7 04 /12 /décembre /2005 18:19

Les relations de Jean Pop 2 dépassent le cadre de ses amitiés. Certes celui qui, un temps, dut se battre contre des chiens sauvages dans le Jutland pour assurer son existence, celui qui, la veille encore, goûtait les fastes de virées nocturnes en compagnie du regretté Don Creux, celui-ci dut apprendre qu’en dehors de l’amitié, il n’est point de contact satisfaisant avec les hommes et femmes du monde entier. Pourtant, lorsque la fortune favorisa à nouveau le champion Psycho-batave, ce dernier négligea ce précepte et admit dans le cercle de ses relations des personnages douteux, dont il pouvait craindre le pire. François Becquerel ignore tout de la musique et il lui est pourtant indispensable. François Becquerel est connu d’à peu près l’ensemble de la ville où il réside et il ne laisse personne pénétrer ses desseins, forcément inquiétants. Mais pourquoi, me demanderez-vous, ou plutôt comment cet habile mondain s’est-il associé à la quête philosophique de Jean Pop 2 ? François Becquerel possède deux spécialités, dans lesquelles son autorité ne souffre discussion : l’étude des carnets intimes et une collection enivrante d’objets domestiques ou personnels, tous appartenant à des sommités Psycho-bataves. Ainsi, François Becquerel exécuta pour le compte de Jean Pop 2 nombre de transactions aussi insolites qu’un gant de toilette de Bobby Freeman, un miroir portatif trouvé dans les loges après un concert de Limey & The Yanks, un ballon de football avec lequel les membres de The New Colony 6 se détendaient pendant les sessions d’enregistrement de Breakthrough. François Becquerel entretint une étrange flamme fétichiste chez Jean Pop 2, qui probablement en conçut quelque honte, au point qu’il ne mêlait jamais François Becquerel à ses préoccupations dogmatiques, pour lesquelles il ne sollicitait que Jean-Pierre Paul-Poire, Sred Sweign et d’autres, plus discrets. Homme de l’ombre, François Becquerel  était ce chiromancien qu’un roi cultivé, épris de science, consulte encore dans le secret, parce qu’il ne s’est pas entièrement libéré de superstitions séculaires, qu’il subit ainsi le préjugé populaire, et qu’il ne souhaite surtout pas que sa cour remarque cet attachement craintif aux vieilles croyances. François Becquerel s’assurait donc une position auprès de Jean Pop 2, qu’il n’abandonnerait qu’à un plus ingénieux démon, qui saurait comme lui flatter un obscur penchant de son maître et employeur.

            J’entrepris un voyage pénible, peu instructif, coûteux et accablant, en france, dans le but d’interroger François Becquerel, convive insoupçonné de la croisière, que seul Sred Sweign avait daigné remarquer. En compulsant les notes de Jean-Pierre Paul-Poire, je m’aperçus que tous deux s’étaient croisés à Milan, dans le restaurant où Bergen White confia son histoire de spectre au crédule Poire (toute la personnalité de Poire est sujette à caution : cet homme cumule passivité, crédulité et sens de l’auto-asservissement ). Poire est bien trop évasif au sujet de cette rencontre : soit il n’insiste malheureusement pas assez auprès de François Becquerel, soit il est de connivence et en sait davantage qu’il ne le prétend. Je débusquai François Becquerel dans la boutique qu’il tenait au rez-de-chaussée de son appartement. Il était occupé à trier une vaste série de lampes à bulbes, avec un sourire ravi. Lorsqu’il me vit franchir le seuil de la boutique, François Becquerel leva une paire d’yeux méfiants. Je me présentai mais cela ne suffit pas à me faire reconnaître et bien considérer par mon hôte. Alors je lui appris comment j’étais lié à toutes sortes de relations qu’il avait, et dès lors, François Becquerel se composa un nouveau visage, plus affable. La conversation que nous eûmes ne ressemblait à aucune autre que j’avais eue ou que j’allais probablement avoir avec les principaux témoins de l’affaire.

 

« -Alors Monsieur Lewis, vous vous plaisez ici ?

-Becquerel, mon temps est précieux. Si vous le permettez, je dois tout de suite commencer à vous interroger.

-Bien sûr, bien sûr : « time is money ». Nous parlerons plus tard de ces magnifiques lampes sur lesquelles votre œil s’est attardé en entrant. Vous aimez le café français ?

-Becquerel, vous étiez invité au bord de la croisière Psycho-batave. Vous êtes parmi ceux qui ont vu s’effondrer mortellement Randall Webb. Que vous rappelez-vous ?

-J’ai bavardé avec de charmantes lituaniennes expatriées, je leur racontais comment j’avais acquis une étrange bicyclette en fer dans une brocante, comment j’avais ensuite découvert que cette bicyclette était un modèle relativement rare introduit en France au cours des années 1980 par un ingénieur japonais, qui aimait la chasse dans les bois de Sologne, et figurez-vous que ce Japonais est presque mon voisin à présent, il habite la rue d’en face et nous faisons nos courses ensemble, lui ne me connaît pas mais il m’arrive de discuter avec sa femme, une très gentille femme qui aime les oiseaux, je l’ai déjà prise en photo, c’est un cliché très étonnant que j’ai réalisé avec un antique Voigtlander, dont je ne me sers plus à présent mais qui possédait un piqué merveilleux…

-Arrêtez, Becquerel. Dites-moi plutôt, et sans digression, pourquoi on vous a convié ?

-Jean Pop 2 a besoin de moi pour les filles.

-Vraiment ?

-Demandez-le lui.

-Becquerel, vous rassemblez une collection de reliques Psycho-bataves, destinées à orner les murs et galeries des Maisons du Corps et de l’Esprit. Personne n’ignore cela, pourquoi me mentez-vous ?

-Jean Pop 2 répand tout un tas de calomnies sur mon compte : ce sont, je le répète, des calomnies. Il cherche à me nuire publiquement, mais je lui suis nécessaire, c’est moi qui le tiens sous ma coupe, ne l’oubliez pas, Monsieur Lewis.

-Bien. Poire vous a rencontré à Milan, il y a plusieurs mois.

-Milan, oui.

-Qu’y faisiez-vous ?

-J’avais une tante qui…

-Je vais briser un à un ces gadgets ridicules qui encombrent votre bureau, si vous ne me parlez pas en toute franchise.

-J’étais en mission, comme vous aujourd’hui. J’avais acquis une pièce de premier ordre dont la nature vous choquera si vous êtes un homme de morale.

-Je le suis bien plus que vous, sale français… Veuillez me pardonner.

-Il s’agissait, Monsieur Lewis, d’une main d’enfant momifiée. Oui, une main d’enfant momifiée.

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2005 2 29 /11 /novembre /2005 18:23

L’unique 45 tours (le lecteur attentif saisira la magie contaminée par l’adjectif « unique ») de The Living Children présente en face A un honnête mid-tempo plagié sur le riff de « Smokestack lightning ». La face B, en revanche, vient d’un autre flacon, millésimé teenage trauma 66 : guitares blafardes prostrées sous un néon, percussion minimale et noyée dans le brouillard, voix blanche de forêt boréale.

Mais la caractéristique du genre que la chanson pousse plus loin que jamais, c’est une chaleur paradoxale : le motif bavard, presque enjoué, de basse, offrant une alternative à la rythmique « travaux forcés » habituelle, les voix entrelacées autour d’une dernière chandelle, Byrds d’après la catastrophe… ces éléments moins coutumiers nous autorisent à avancer cette affirmation : « Now it’s over » est une chanson heureuse, à des kilomètres de la béatitude imbécile des crasseux de san francisco ; Elle met en situation un stoïcisme élégamment bouleversant. « When the day is through you’ll be glad it’s over » : il ne s’agit pas ici d’une satisfaction mais d’un soulagement, la perte d’un fardeau plutôt qu’un pas de plus vers la bonhomie et le ventre.

La chaleur de cette chanson est celle de la nuit, la nuit au cours de laquelle, comme le rappellent les paroles, on a besoin d’être quelqu’un : la plénitude du désespoir n’est pas offerte à n’importe qui. The Living Children, derrière leurs allures d’ectoplasmes sans visage, incarnent à merveille cette sensualité des dernières minutes.

The Living Children - Now it's over

Partager cet article
Repost0