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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 10:32

"Tu ne te rends pas compte du pouvoir que tu as sur moi. Il suffit que tu me demandes de me jeter par la fenêtre et je le ferai." C'est à la bouleversante litanie de l'amour sorcier, qui se joue météoriquement depuis toujours, que j'assistais chez mon ami Mac Becquerel un soir d'été où il était sur le point de se résoudre en débris de verre pour sa femme. Et c'est dans le hiératique été de Memphis que The Yo Yo's enregistrèrent leur déclaration de défenestration assentie, "Leaning on you". Et c'est un classique, c'est-à-dire une chanson qui en résume deux-cents autres et dispense de leur écoute, une chanson comme celles de Paul McCartney, des frères Gibb ou de Smokey Robinson, qui aurait presque autant d'impact chantée par Petula Clark, Johnny Matthis ou autres serpières.
Construite sur le modèle Italo-américain d'alternance entre couplets rêveurs et refrain en explosion (de détresse lamée ou de joie ascendante), dialectique dreamy/drama imparable, elle est tout entière élan d'un coeur à l'autre, le nôtre, aidée en cela par un chanteur dont la raucité adolescente laisse épisodiquement place aux tremblances angoissées des nuits d'enfance ("it would scare me to death"), par les désarmants "What can I do ?" sur fond de pluie, ces déchirures de guitare qui annoncent la crevasse du refrain, surtout par ce piano délicatement consolateur en ce qu'il accélère la montée des larmes.
Le plus beau étant qu'on devine que le drame est consenti. De la même manière qu'il est impossible de croire au "I'll find a way" de leurs voisins de l'Arkansas The Romans, difficile ici de compatir à la phrase "It's sad but true" qui annonce le refrain. Contrairement à ce que laisse entendre le chanteur, même s'il feint de maudire son addiction, on sait qu'il s'y exalte, qu'il sait qu'il y a trouvé son amour, grand ouvert, à travers lequel il se précipitera.



The Yo Yo's - Leaning on you

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commentaires

S
Qu'est ce que c'est beau !
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J
Et c'est peu de le dire.
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M
Ouais mon pote.
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